SEMINAIRE INTERDISCIPLINAIRE
RIRRA21/ SIELEC
L'imaginaire culturel de
l'ère des Empires
Vendredi
22 Juin
2007, Université
Paul Valéry
MONTPELLIER
Salle
BRED 109, de 9h00 à 18h.
Responsables
scientifiques :
Pierre Citti, directeur RIRRA21, XIXème siècle
Jean-François Durand, Président SIELEC,
XXème siècle
Jean Sévry, Professeur émérite, Dpt
anglo-américain, ancien Président de
l’APELA et du
CERPANAC
Perspectives
et finalités. Historique de cette recherche
à Montpellier
Il s’agit pour les
participants représentant le RIRRA21 et la
SIELEC et trois disciplines (critique littéraire,
ethnologie/anthropologie
culturelle, histoire) de lancer un groupe de recherche,
interdisciplinaire qui
entend travailler sans exclusive sur les représentations
culturelles de l’ère
des Empires, à partir d’un simple
constat : avec la
seconde colonisation,
en cours tout au long du XIXème siècle, un
phénomène de grande portée
historique est comme encore amplifié : celui qui
avait vu
l’Europe, dès le
XVème siècle, ouvrir partout de nouvelles routes
commerciales, de nouvelles
voies d’échange, qui allaient entraîner
de profonds
bouleversements dans les
systèmes culturels et idéologiques. Les
historiens sont
désormais très
attentifs à ces courants profonds, qui sont autant de
symptômes d’une
« globalisation » qui est tout
autant culturelle
qu’économique. Tout
récemment (Oxford, 2004, Paris, 2006), C. A. Bayly a
consacré plusieurs
chapitres de sa grande synthèse, La naissance du monde
moderne
(1780-1914)
à ce qu’il appelle le double mouvement
contradictoire et
complémentaire d’
« hybridation » et
d’ « uniformisation »
de l’
imaginaire moderne, en même temps qu’il
s’interrogeait sur l’apparition d’une
« littérature
mondiale », dans un sens
différent de celui de Goethe.
Le mouvement est en effet interactif : en Europe, des
poétiques et des
esthétiques originales surgissent au contact des univers
nouveaux découverts
par les explorateurs et les voyageurs, mais les vielles
cultures
d’Orient, d’Asie et d’Afrique sont elles
aussi
emportées dans un processus de transformation rapide dont
témoignera par la
suite la riche création en situation
postcoloniale. Les littératures
« coloniales »
elles-mêmes peuvent
être sorties de leur ghetto si on les éclaire, par
le
haut, à partir de ce
vaste processus de décloisonnement des mondes dont on ne
mesure
pas toujours
l’ampleur. Bien des auteurs français et
européens,
surtout anglais, ou
américains, de Jules Verne à Forster, de
Chateaubriand
à Conrad et Melville, de
Fromentin à Jean-Richard Bloch se prêteront des
lors
à des lectures inédites.
Il va de soi que nous incluons dans la notion d’imaginaire
culturel la
littérature savante, les récits de voyage dont la
proximité avec les récits
purement fictionnels est souvent éclatante. De grands
thèmes transversaux
peuvent ainsi nourrir la recherche. La notion de
« primitivisme » est
commune aux arts premiers comme aux romans et aux constructions
ethnographiques. La représentation du
temps oriental, chez Nerval, Loti ou Burton pose des questions
essentielles aux
cultures européennes, souvent nostalgiques d’un
rapport au
monde de plus en
plus bouleversé par la modernité technique et
marchande,
alors que l’Orient est
aux yeux de beaucoup une Antiquité
retrouvée ; de
même, il y a dans les textes
de l’ère coloniale une fascinante
poétique du corps
qui en dit autant et plus
sur la culture d’origine que sur les mondes que
l’on
découvre. Dès lors, les
« nouveaux mondes » transforment
bien de
l’intérieur les imaginaires
culturels des grands empires, leurs utopies, leurs fictions, leurs
récits. Mais, en Afrique et en Asie,
l’émergence,
tout au long du XXème siècle, de
littératures
nouvelles écrites dans l’une ou
l’autre des langues d’Empire est aussi un
phénomène considérable, au
cœur de la
modernité culturelle mondiale. Ce
phénomène
n’en est d’ailleurs qu’à son
commencement. Il faut l’interroger lui aussi dans une
perspective
interdisciplinaire, et dans le temps long de l’histoire
culturelle.
Historique
Les équipes de Montpellier
travaillent depuis dix ans sur ces questions. Dès 1999,
l’Axe francophone du Centre d’Etude du
XXème
siècle dont il
faut remercier ici l’ancienne direction qui a su encourager
cette
recherche, a
été à l’initiative des trois
volumes Regards
sur les littératures coloniales publiés en 1999
à
l’Harmattan. Ce collectif
de près de 1000 pages a été
salué en
Angleterre et en Allemagne pour les
éclairages novateurs qu’il proposait sur des
œuvres
que l’on redécouvre
aujourd’hui. C’est
dans cette
même perspective de décloisonnement disciplinaire
que
l’Axe francophone a
publié à Montpellier plusieurs volumes, entre
autres
Poétique et imaginaire du désert (2005, 434
pages, en
partenariat
avec l’Université de Fès), en faisant
sauter les
artificielles frontières entre
« ère coloniale » et
« postcoloniale », imaginaire
culturel
« francophone » et
littératures
européennes. En 2002, une société
savante, la SIELEC, Société
internationale d’étude des littératures
de
l’ère coloniale a réuni les
compétences du Centre d’étude du
XXème
siècle et du
CERPANAC (Département
d’anglo-américain), en
même temps que les apports de
plusieurs universités européennes, dans une
perspective
de franche
interdisciplinarité. La SIELEC, forte de ses 70 membres
actifs
représentant
plus de dix nationalités publie ses travaux annuels aux
éditions Kailash
(Paris-Pondicherry). Le cinquième volume sera
publié en
novembre 2007.
Aujourd’hui
La refonte des Centres de recherche à Montpellier,
et la fusion du CERD (XIXème siècle) et du Centre
d’étude du XXème siècle dans
une nouvelle équipe au dynamisme renforcé, le
RIRRA21
nous donne l’opportunité
de mettre en place un partenariat solide RIRRA21/SIELEC, qui permettra
d’aller
plus loin dans la mise en commun des compétences.
C’est
une véritable synergie
qui est ainsi créée, regroupant
dix-neuviémistes
et vingtiémistes, littéraires
et historiens, spécialistes du cinéma, de
l’histoire de l’art, de la
francophonie et
ethnographes
Moyens
Il
s’agira, tout au long de cette première
journée, de se fixer des objectifs
communs au travers de communications suivies de débats. Le
nombre
d’interventions a été volontairement
limité afin de favoriser le plus possible
la discussion entre spécialistes. On tentera de mettre sur
pied un programme de
recherches triennal susceptible de retenir l’attention des
autorités de
tutelle, à partir d’axes transversaux
d’études.
Tous les débats de ce premier
séminaire
seront enregistrés sur bandes magnétiques pour
décryptage ultérieur et
publication de l’ensemble des travaux par des moyens qui
seront précisés en fin
de journée.
DEROULEMENT DE LA JOURNEE
BRED 109
9h00-9h15. Accueil des participants, rappel des objectifs de
ce premier séminaire.
9h15-9h45. Pierre CITTI, Directeur RIRRA21:
« Perspectives programmatiques ».
9h45-10h00. Débat.
10h00-10h30. Jean
François DURAND, Président SIELEC
« Une
littérature d’empire ? »
En collaboration avec Guy Riégert
(SIELEC)
10h30-10h45. Débat.
10h45-11h15. Paul Siblot (linguiste, Praxiling, UMR/CNRS 5267,
Montpellier III)
« L’Empire des
illusions : ambitions coloniales et mirages orientalistes »
11h15-11h30. Débat.
11h30-12h. Paul PANDOLFI (Ethnographie, SIELEC)
« Imaginaire culturel & littérature
ethnographique »
12h-12h30. Débat
général : synthèse de la matinée.
Animation de la matinée : Jean Sévry.
REPAS EN
COMMUN
14h30-15h. Jean Claude BLACHÈRE (RIRRA21 & SIELEC)
«Arts premiers et Littérature : du fétiche au poème ».
15h -15h15. Débat.
15h15-15h45. Richard Samin (SIELEC, Université de Nancy)
« Littératures et géographie coloniale »
15h45-16h. Débat.
16h-16h30. Frédéric MABENGA (RIRRA21, Université de Libreville)
« Perspectives africaines : le
point sur les fonds d’archives et le développement de ces études en Afrique,
cotutelles de thèses, éditions, etc. ».
16h30-16h45. Débat.
16h45-17h. Pause
17h-17h30. Jean Sévry (SIELEC)
« Une interdisciplinarité, pour quoi faire, et avec quelles
stratégies ? »
17h30-18h.
Débat général, prise de décisions,
établissement d’un calendrier de travail pour les suites à donner à ce premier
séminaire de recherches.
Animation
de l’après-midi : Pierre Citti.
Rappel.
Perspectives 2008
Les 15 et 16 mai (Montpellier), 29 et 30 mai (Nice)
un colloque international abordera la question de « L’aventure coloniale entre politiques d’Empires et marginalités ».
Cette rencontre permettra de réunir historiens et littéraires, et mettra en
œuvre un quadruple partenariat Universités de Nice et de Montpellier, SIELEC et
éditions Kailash.
QUELQUES PUBLICATIONS
Regards sur les littératures
coloniales. Afrique francophone, tome I,
Découvertes (dir. J. F. Durand), Paris, L’Harmattan, 1999, 287 pages.
Regards sur les littératures
coloniales. Afrique francophone, Tome II, Approfondissements
(dir. J.F. Durand), Paris L’Harmattan, 1999, 365 pages.
Regards sur les littératures
coloniales. Afrique anglophone et lusophone (dir. Jean Sévry), Paris, L’Harmattan, 1999,
270 pages.
Poétique et imaginaire du
désert
(dir. J. F. Durand), Publications de l’Université de Montpellier, 2005, 434
pages.
Amadou Hampâté Bâ (dir. J. F. Durand),
Interculturel-Francophonies, Alliance Française, Lecce, 2003, 346 pages.
50 ans de littérature
marocaine de langue française (dir. Bernousi Saltani et J. F. Durand), Interculturel-Francophonies,
Alliance Française, Lecce, 2006, 355 pages.
Littérature et colonies (dir. J. F. Durand et Jean
Sévry), Les cahiers de la SIELEC no 1, éditions Kailash, Paris-Pondichéry,
2003, 338 pages.
Nudité et sauvagerie,
fantasmes coloniaux (dir. Michel Naumann), Les cahiers de la SIELEC no 2, éditions Kailash,
Paris-Pondichéry, 2004, 250 pages.
Faits religieux et
résistance culturelle dans les littératures de l’ère coloniale (dir. J. F. Durand et Jean
Sévry), Les cahiers de la SIELEC, 2005,
470 pages.
L’usage de l’Inde (dir. Guillaume Bridet,
Sarga Moussa, Christian Petr), Les cahiers de la SIELEC no 5, en partenariat
avec l’ENS de Lyon, Paris-Pondichéry 2006, 420 pages.
Jean
Sévry, Littératures d’Afrique du Sud,
Paris, Karthala, 2007, 432 pages.
Jean-Claude
Blachère, Les totems d’André Breton,
Paris, L’Harmattan, 1996.
Jean-Claude
Blachère, Négritures. Les écrivains
d’Afrique noire et la langue française, Paris, L’Harmattan, 1993.
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