«L’anticolonialisme dans la littérature francaise de l’entre-deux-guerres »
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Richard Omgba
Si l'on exclut quelques écrits de Paul-Etienne Vigné
d'Octon, notamment La Gloire du Sabre (1900), La Sueur du burnous
(1911), Terre de mort (1892), La Nouvelle sueur du burnous (1924)
et le remarquable roman de Victor Segalen intitulé Les Immémoriaux
(1907), on pourrait dire qu'il est difficile de parler d'anticolonialisme dans
la littérature française d'avant la première guerre mondiale.
En effet, depuis les années 1870,
période à laquelle la France s'est résolument engagée dans les conquêtes
coloniales, jusqu'à la fin de la première guerre mondiale, la classe
intellectuelle française s'était quelque peu laissée embarquer dans l'aventure
coloniale par d'habiles politiques qui présentaient cette entreprise comme
une oeuvre salvatrice, de nature à restaurer le prestige national et à
répandre les bienfaits de la civilisation.
La littérature, tout comme
l'essentiel du discours anthropologique de cette période, s'est employée, non
seulement à légitimer la colonisation mais surtout à la magnifier en chantant
les hauts faits des aventuriers coloniaux. Les oeuvres de Guy de
Maupassant, Pierre Loti, Claude Farrère, André Demaison, Louis Bertrand, Ernest
Psichari, Robert Randau, Marius-Ary Leblond, et bien d'autres sont dans cette
veine.