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Colonisation et dÉsillusion : une synchronie ?
Roger Little / Trinity College, Dublin 

Cet article fait référence au Colloque de la Sielec de mai 2006 "Désillusion et désenchantement dans les littératures de l'ère coloniale", dont les actes paraîtront prochainement dans le Cahier N°8.



« La démocratie elle aussi est une longue maturation qui se construit

à coups de désillusion, de cynisme même, et de sang. »
Koffi Kwahulé, Babyface[i]
 

    Dans le programme de notre colloque, Jean-François Durand établit, au-delà des dictionnaires, une « sensible nuance » entre désillusion et désenchantement, réservant celle-là « au projet politique, économique, culturel de la colonisation » et celui-ci à « la quête, plus exotique que proprement coloniale, d’un “ailleurs” qui serait au fond une vie plus vraie, plus intense, plus authentique, plus “lyrique” »[ii]. Une distinction est ainsi faite entre les projets collectif et individuel, distinction que nous retenons pour les besoins de la cause, mais qui préjuge en un sens de l’état d’esprit 1° de la République et 2° de ses représentants, des explorateurs et des aventuriers individuels.
    Je m’explique. Si nous considérons les substantifs dont ces termes sont la négation par l’ajout du préfixe privatif « dés- », nous retrouvons d’une part illusion et d’autre part enchantement. Alors donc que désillusion et désenchantement peuvent être pris pour des quasi-synonymes, ainsi que le fait le Trésor de la langue française, illusion et enchantement se distinguent nettement. L’illusion présuppose une perception erronée de la réalité, une apparence trompeuse ; l’enchantement suggère d’abord et surtout un sentiment agréable de satisfaction, voire un vif plaisir, et c’est seulement si l’on remonte à ses origines que se trouve mis en valeur le charme, dans l’acception magique et partant trompeur du mot. Dans la mesure où ces échos demeurent présents dans les formes négatives de ces termes, la « sensible nuance » n’est peut-être donc pas tant, dans un premier temps, entre le collectif et l’individuel mais entre, d’une part, une erreur venue involontairement de l’extérieur et, d’autre part, un autre type de collaboration sentimentale venue, elle, de la psyché individuelle avec la participation éventuellement active, mais plus souvent passive, de la volonté. C’est dans ce sens, au second degré, qu’on est en droit de se référer à la collectivité pour la désillusion et à l’individu pour le désenchantement.
    L’allusion à « un “ailleurs” qui serait au fond une vie plus vraie » cache à peine la phrase de Rimbaud : « la vraie vie est ailleurs », et l’auteur d’Une saison en enfer a certes connu le désenchantement dans le contexte de son établissement en Éthiopie. Sa participation à la poussée coloniale, si participation il y a eu sous forme de trafic d’armes, n’était pas du tout officielle ; nous connaissons plutôt l’abandon de sa poésie, affaire intime s’il en est et en partie fatalement involontaire, en faveur d’une vie d’action. On se perd en hypothèses psychologiques concernant cet abandon. Aurait-il basculé du champ privé au camp public ? Dans ce cas, nous pourrions parler de désillusion, mais rien ne nous y autorise pleinement, car s’il a cherché l’appui et l’aval de la Société géographique, c’est toujours d’un engagement personnel qu’il s’agit. La trace d’un désenchantementse dessine déjà dans ses poèmes où l’envoûtement fait place à un retrait déçu de l’illumination. Rimbaud n’avait nullement besoin de s’associer à la cause coloniale pour connaître et exprimer le schéma psychologique de l’engagement à fond dans ses visions, suivi, dans un deuxième temps, d’un réveil souvent abrupt à la clarté banale du jour.
    Or, tout explorateur, tout aventurier colonial n’est pas un Rimbaud, c’est l’évidence même ; mais il suffit d’être humain pour connaître l’élan et, trop souvent, la déception qui le suit. Supposer que la « vraie vie » soit ailleurs est déjà une illusion et pourtant c’est la tarte à la crème des aventuriers et des défricheurs d’empire[iii]. Un sergent que Léon Werth présente dans Clavel soldat « raconte des histoires coloniales : coups de matraques, vols, viols. – Ah ! mon vieux... là-bas... c’était la vie... la vraie vie... la bonne vie... »[iv]. Mais ce n’est qu’un leurre, un alibi. La vraie vie ne peut être qu’ici, là où nous sommes : il faut l’assumer, en accepter pleinement la responsabilité. Le machisme de la fuite en avant de la colonisation, accompagnée comme elle l’est presque toujours de certitudes cocardières, n’est pas seulement déplaisante : elle falsifie la nature même d’une société saine et équilibrée.
    Dans Les Défricheurs d’empires, publié en 1937, Jean d’Esme renchérit sur le cocorico français :

Loin du foyer d’infection, protégé contre le microbe rongeur et dévastateur de la politicaillerie partisane, tous ces français [sic] que j’ai vus à l’œuvre – français [sic] de toutes classes et de toutes les provinces de la vieille terre natale – ne sont plus – en une étroite fraternité de race, que de magnifiques ouvriers tout entiers attachés à leur rude besogne constructive qui – du même coup – crée à travers le monde la grandeur française[v].

    Un personnage du même roman, le capitaine Arnould, commandant du Groupe Nomade d’Agadez, reprend Rimbaud à son compte sans le nommer :

« [...] nous vivons seul chacun de notre côté, trois cents jours de l’année environ, à courir le grand désert sableux ou à escalader les rochers noirs de l’Aïr avec quelques-uns de nos hommes, couchant à même le sol et vivant de conserves ou même de nourriture indigène.
    Une fois par an, à l’occasion du 14 Juillet [sic], nous sommes tous réunis à Agadez où nous retrouvons nos camarades de Cercle. Ça dure une dizaine de jours, après quoi, nous repartons à nouveau... »
Il se tait une longue minute, puis dit avec une étrange douceur :
– La vraie vie !
    Parmi la broussaille noire de sa barbe, son masque durement modelé, s’éclaire un sourire où il entre je ne sais quelle joie fervente.
    Et comme je le regarde, il se met à rire, très haut cette fois, et conclut :
« Oui, c’est la vraie vie ! Vous allez la vivre, avec moi, durant quelques jours – vous comprendrez !
[...]
 
*
     L’Afrique, sa solitude, son désert ; la grande errance à travers le Pays de la Soif et le chaos pierreux de l’Aïr ; les couchers sous l’immense ciel fleuri d’étoiles ; les repas hâtifs et les marches interminables dans la braise fluide du soleil nigérien...
    C’est la vie même des Groupes Nomades.
    « La vraie vie », a dit Arnould.
    « La vraie vie » m’ont répété à leur tour les autres – tous les autres officiers et sous-officiers méharistes, que j’ai rencontrés du Tchad à El Goléa – à travers cette Afrique qu’ils sillonnent au pas lent et dégingandé de leurs bêtes – d’un bout à l’autre de l’année.    
    « La vraie vie » ! (pp. 156–157)

    Nous savons toutefois que Jean d’Esme avait déjà représenté ailleurs, en 1932, dans le roman si bien nommé : Épaves australes, le désenchantement d’un héros aventurier, Jacques de Clauze, et, du point de vue des instances françaises, son inadmissible déchéance[vi]. Chemin faisant, il découvre toutefois d’autres valeurs, une culture et une civilisation différentes, adaptées aux circonstances, et qui, pour être autres, ne sont pas forcément de moindre valeur. C’est quelque chose que la société en général, dans une évolution nécessairement beaucoup plus lente, ne peut pas, ne doit pas reconnaître si elle veut rester fidèle à elle-même.
    En effet, les grands cycles collectifs ne peuvent pas être de même nature, même si les retombées d’événements publics se font ressentir chez l’individu qui participe à la collectivité. Ainsi, la nouvelle d’une victoire ou d’une défaite peut faire remonter ou casser le moral : dans les deux cas, on peut penser que les autorités nationales entretiennent sciemment des illusions, d’autant plus que la guerre n’est jamais un enchantement, et que collectivement le peuple entretient ou rompt l’illusion patriotique, ainsi que le reconnaît Jean Renoir dans son film de 1937 : La Grande Illusion. Le désenchantement exigerait un regard bien plus individuel, voire une emprise plus personnelle, sur l’exercice du pouvoir.
    Pour éprouver l’un ou l’autre sentiment, cependant, il est nécessaire que l’action en question soit achevée, même si une bataille n’est pas une guerre. Désillusion et désenchantement ne sauraient être jaugés et jugés qu’après la fin d’un cycle d’événements qui participent du même phénomène. S’agissant de colonisation, on reconnaît des périodes d’activité plus ou moins grande et une évolution dans les attitudes de la métropole selon la politique du moment. On ne saurait donc impunément écarter de notre considération le cycle complet allant du dix-septième siècle jusqu’aux années 1960. C’est bien l’ensemble de la colonisation qui peut en définitive désillusionner, quelque grande que soit la désillusion politique devant tel ou tel aspect ponctuel de son parcours. Ce n’est en effet qu’en s’affranchissant de la mentalité coloniale qu’on peut commencer à en mesurer les faits et les méfaits et, avec eux, son caractère illusoire et son potentiel d’illusion.
    Nous sommes toutefois invités à ne prendre en considération que les XIXe et XXe siècles. Dans quelle mesure cette restriction chronologique gauchira-t-elle notre perspective ? S’il est légitime d’évoquer le désenchantement d’individus, à quel point l’est-il de subdiviser la période coloniale pour parler à un moment donné de désillusion politique ? Les Républiques successives n’ont pas eu la même attitude envers la colonisation. Avant elles, sous l’ancien régime, une autre attitude encore avait gouverné les esprits et partant la politique. L’exploration avait donné lieu à l’exploitation tout en continuant d’attirer marins et scientifiques. Les récits de leurs voyages et de leurs découvertes avaient enchanté plus d’un à l’époque et continuent à nous fasciner, même si, armés de connaissances complémentaires et sans doute plus raffinées, nous prenons nos distances, sinon de la hauteur. Malgré des voix opposées à celle du gouvernement – et l’on pense notamment à Clemenceau face à Jules Ferry dans les grands débats parlementaires de 1885 – elles ne réorientent pas la voie tracée par la majorité, pas plus que celle de l’abbé Grégoire n’avait fléchi l’attitude officielle de l’Église. L’État peut-il admettre une désillusion, ce qui fait supposer une illusion antérieure ? En pays démocratique, on peut espérer une alternance, voire, aux urnes, la voter. La politique vis-à-vis des colonies peut changer du tout au tout ; elle n’en reflète pas moins une continuité étatique. On le constate par exemple lorsque des juristes de la 5e République ont eu à statuer sur la rétribution de la part de la France d’aujourd’hui devant la compensation exigée aux Haïtiens sous Charles X. On le constate aussi dans le débat récent sur le « rôle positif de la colonisation ». L’immense vaisseau de l’État est difficile à détourner de sa course, surtout pour aller en sens inverse.
    Le constat d’une perte financière met l’État, aussi bien que les spéculateurs et les agioteurs, au pied du mur : il est censé, après tout, prendre soin du trésor public. Le rôle d’un budget colonial déficitaire dans l’abandon de la politique coloniale n’est pas mince. Chemin faisant, des individus avaient tenu à le démontrer à l’égard de telle ou telle colonie. Seules des circonstances réunies, dont la défaite de Diên Biên Phu et la guerre en Algérie n’étaient pas les moins importantes, avaient amené l’État à tenir compte d’un bilan globalement négatif et partant à effectuer un volte-face politique dans les années 1960.
    Le regard en arrière est nécessairement implicite, nous l’avons dit, à toute reconnaissance de désillusion ou de désenchantement. Une diachronie s’inscrit donc d’office dans le concept même de nos réflexions à ce sujet. Mais dès que nous essayons de fixer un terminus a quo de la désillusion coloniale, nous sommes invités à remonter plus loin, toujours plus loin. Aussi peut-on raisonnablement parler d’une désillusion après 1960. Mais ne voit-on pas bien les germes de cette désillusion dans les années 40 et 50 quand les mouvements indépendantistes commencent sérieusement à se faire entendre ? L’Exposition coloniale de 1931 ne serait-elle pas en quelque sorte le moment clef où simultanément on constate l’apothéose et le chant de cygne du colonialisme ? Ne faudrait-il pas remonter aux anticolonialistes qui, d’abord dénonciateurs individuels des abus – je pense chronologiquement à Vigné d’Octon, à Frédéric Challaye, à Lucie Cousturier, au Léon Werth de Cochinchine, à André Gide, à Albert Londres et ainsi de suite –, s’en sont enfin pris, à commencer par le mouvement communiste, au système même ? Peut-on ensuite écarter les voix d’opposition dans les débats parlementaires des années 1880 et certains des premiers romans coloniaux qui, même à leur insu, semble-t-il, montrent l’échec inscrit dans des gestes voulus humanitaires ? Mais ce phénomène n’existe-t-il pas déjà dans la réalité de la première colonisation et de ses séquelles ? On n’en finit pas de remonter dans le temps pour fixer le moment de la désillusion ou du désenchantement.
    Prenons donc le contre-pied : supposons un instant que ces phénomènes soient inhérents à la colonisation même, qu’il y ait synchronie entre colonisation et désillusion, que l’idée même de « phases » en la matière, telle que le propose le programme de notre colloque, soit illusoire. Admettons que le projet colonialiste est fatalement voué à l’échec moral, politique et même financier. D’un coup beaucoup de choses deviennent claires. Un commerce légitime entraîne celui des hommes ; je n’ai pas à insister là-dessus. Des idées généreuses font place à une législation de plus en plus défavorable aux esclaves et aux mulâtres – aux métis – et par conséquent plus favorable aux maîtres blancs qui sont pourtant les pères « fautifs » de ces derniers. Richelieu prônait ainsi pour la Nouvelle France ce que l’on peut appeler une colonisation horizontale (politique qui se retrouvera sous la troisième République), et en 1664 le lieutenant général Tracy promulgua aux Antilles un code qui condamnait au fouet et, en cas de double récidive, jusqu’à l’estampillage d’une fleur de lis sur la joue, les Blancs qui débaucheraient une négresse[vii]. Une vingtaine d’années plus tard, sous la pression du lobby des planteurs et des négriers, le Code noir stipulera que les Blancs seront blanchis ; ce sont alors les femmes et les enfants métis qui sont jugés fautifs et condamnés non seulement à des peines mais encore – c’est le cas de le dire – au dénigrement. Seuls les maîtres y trouvent leur compte, c’est évident. Les mésalliances raciales étaient conspuées aux colonies autant que l’étaient les mésalliances de classe en France. Le père Labat comme tous les autres missionnaires avouent leur insuccès sur tous les plans et rentrent bredouilles. Les vastes profits financiers égalent-ils dans la balance immanente les terribles pertes morales ? Il est permis d’en douter, et les physiocrates surtout en doutaient très précisément déjà au XVIIIe siècle. Il n’est que de relire les dernières pages de Ziméo, de Jean-François de Saint-Lambert, ou le compte rendu de cette nouvelle paru dans les Éphémérides du citoyen sous la plume de Dupont de Nemours pour s’en convaincre. Aussi les « réflexions sur les nègres » qui terminent la nouvelle notent-elles que « les peuples d’Europe sont comme beaucoup d’hommes en place qui commencent par être injustes, & finissent par calomnier les victimes de leur injustice. […] Il n’est pas plus vrai que les nègres en général soient paresseux, frippons [sic], menteurs, dissimulés : ces qualités sont de l’esclavage & non de la nature[viii]. » Et Dupont de Nemours de renchérir avec des calculs économiques qui anticipent sur ceux de Condorcet : « […] l’oppression et la méchanceté […] ne viennent jamais que de l’intérêt mal entendu. […] À la fois ingénieux et barbares, notre demi-civilisation nous a rendus propres à nuire à tout le monde, sans jamais servir ni les autres, ni nous-mêmes[ix]. »
    Même au simple comptoir de Saint-Louis du Sénégal, au moment de sa reprise par les Anglais en 1817, l’immense effort d’une part de l’enseignant Jean Dard et d’autre part de sa belle-famille pour établir l’un une école, l’autre une exploitation agricole, aboutit, malgré toute leur bonne volonté, à un fiasco[x]. Ce moment d’impulsion néocoloniale officielle, qui tend à disparaître de la mémoire devant l’importance culturelle du naufrage de La Méduse qui transportait ses exécutants, montre comme en miniature les frustrations des Français partis pour faire fortune, certes, mais dans un esprit d’entraide dont on ne peut que louer les mobiles et le courage, tout déplacés qu’ils peuvent nous paraître aujourd’hui. À la même époque, le Kelédor du baron Roger, gouverneur du Sénégal (qui a justement mis des bâtons dans les roues de Jean Dard), représente comme la preuve a contrario en ce sens que, même s’il condamne la traite, il prône le point de vue officiel et souligne à tout bout de champ les bienfaits apportés au Sénégal par la France[xi].
    Il y a plusieurs textes foncièrement ironiques et parfois renversants qui, dans la tradition des Lettres persanes, prennent le contre-pied de cette attitude paternaliste en faisant supposer un renversement de point de vue. C’est le cas d’une pièce de théâtre de Bernardin de Saint-Pierre, dont on connaît les vues antiesclavagistes d’après son Voyage à l’île de France surtout : Empsaël et Zoraïde, ou les Blancs esclaves des Noirs à Maroc dont nous avons procuré une réédition[xii]. C’est le cas aussi d’un épisode qui a pour titre « Histoire d’une civilisation antédiluvienne » dans le roman de Saintine : Jonathan le visionnaire[xiii] : « des Arabes éthiopiens, émigrant vers le golfe Persique, rencontrèrent pour la première fois quelques individus de race blanche. De part et d’autre la terreur égala la surprise. » Le relativisme culturel, ancêtre de notre postcolonialisme, permet l’étonnement devant « un de ces individus, si extraordinaires par leurs cheveux soyeux, par leurs lèvres plates, leur nez aquilin, etc. » (pp. 373–374). S’engage alors un débat philosophique concernant le statut humain ou non de ces étranges étrangers, débat clos de manière pragmatique lorsque la fille d’un des philosophes donne naissance à un petit mulâtre (p. 375). Je passe sous silence d’autres développements de ce conte pour en évoquer rapidement d’autres, sur lesquels Jean-Marie Seillan attire notre attention dans son magistral ouvrage : Aux sources du roman colonial[xiv]. Il verse au dossier du conte anticolonial « La Sagesse de Koukourounou : fantaisie coloniale », de Paul Hervieu, et « Le Navigateur sauvage : histoire insolite », de Villiers de l’Isle-Adam, et en propose un commentaire des plus fins[xv]. C’est un genre qui se poursuit jusqu’aux indépendances, notamment dans La Revanche de Bozambo du Guyanais Bertène Juminer, qui date de 1968[xvi].
    Nous nous attarderons davantage sur un exemple littéraire qui date du moment même des grands débats parlementaires sur la colonisation. Les Colons du Tanganîka d’Armand Dubarry, de 1884, rentre en plein non seulement dans notre sujet mais aussi dans la période de la colonisation moderne qui intéresse la plupart des membres de la SIELEC[xvii]. L’échec est inscrit dans la narration d’une aventure qui a pourtant tout pour séduire le lecteur d’aujourd’hui. Emboîtant le pas aux grands explorateurs de l’Afrique de l’Est – Burton, Livingstone, Speke, Stanley... – Jacques Delorme prend la tête d’une expédition écologique et, indirectement, humanitaire. Le but est de conserver l’éléphant en persuadant les indigènes que le tourisme zoologique sera plus lucratif que le commerce de l’ivoire. Mais les gens du pays refusent de se laisser convaincre par des arguments somme toute naïfs et sont, suivant la logique même de la mentalité colonialiste, décimés par des armes supérieures. Ainsi que le conclut Jean-Marie Seillan,

De la débâcle de l’expédition, le roman tire une leçon implicite qui donne aux opérations de « pacification » à venir la légitimité de l’évidence : puisque les trois ou quatre cents morts laissés par des philanthropes amateurs n’ont pas suffi, c’est par la force militaire qu’il faudra imposer aux Africains les progrès de la civilisation qu’ils s’obsti­nent à refuser[xviii].

Un personnage et un épisode catastrophique symbolisent cette débâcle d’une manière particulièrement instructive : « Honorat, mécanicien, inventeur d’un bateau en fer submersible à volonté, destiné à opérer une révolution dans la navigation, pompeusement baptisé par son auteur Navis (du latin) Honorat, et que les mauvaises langues appelaient Navet Honorat[xix]. » Toute l’inventivité technologique de l’époque est en jeu, mais on sent que celle de Jules Verne et notamment le Nautilus de son roman de 1870 : Vingt mille lieues sous la mer, sont tout spécialement visées. L’échec de ce « mirifique bateau » (p. 15), « navet » plutôt que navis, « pompeusement baptisé » – la critique de l’auteur est claire –, est inscrit dès le début du roman. Il éclatera en morceaux lors de son premier essai sur le lac Tanganyika, laissant Honorat dans un piteux état :

Sanglant, à demi nu, l’œil égaré, grimpé sur des roches vertes et glissantes, le mécanicien avait l’attitude d’un homme luttant désespérément pour préserver sa vie. Au-dessus de lui voletaient des aigles ; à ses pieds, sur le sable, les galets, et dans l’eau se pressaient des crocodiles dont quelques-uns, levant la tête et s’aidant de leurs pattes, s’efforçaient de l’atteindre. [...] Aucune lueur de raison ne brillait dans ses yeux égarés ; il ne reconnaissait personne et avait perdu l’usage de la parole. (pp. 79, 83)

    L’inventeur mourra en effet « au bout de trois jours d’agonie » (p. 87).
    Les survivants rentreront en France penauds, bredouilles, ayant à déplorer la perte d’un de leurs, mais n’ayant en contrepartie aucune réussite à raconter si ce n’est d’avoir exacerbé les frictions et confrontations africaines et confirmé l’anglophobie ambiante par le biais d’une rencontre avec un chasseur anglais. Triste bilan ! Non seulement Jacques Delorme et ses camarades d’infortune ont dû déchanter, mais ils ont déclenché des guerres intestines et fourni des arguments qui justifient une intervention française auprès des « sauvages ». Les Colons du Tanganîka me paraît ainsi un texte des plus parlants pour démontrer la quasi-synchronie – « quasi » parce qu’une synchronie absolue serait impossible – de l’illusion et de la désillusion coloniales. À la différence de la faconde contemporaine d’un Louis Jacolliot, par exemple, Armand Dubarry fait montre ici – une fois n’est pas coutume – des lueurs d’une mauvaise conscience.
    Les romanciers « patrouillotiques », aventuriers sur le terrain ou en fauteuil, les essayistes justifiant la colonisation, alors que d’autres en dénoncent les abus et enfin la battent en brèche, se succéderont à qui mieux mieux. Occasionnellement, et comme à contre-courant de leur pensée, ils peuvent faire preuve d’une lucidité sceptique. C’est le cas de Louis Boussenard, par exemple, lorsque, dans Voyages et aventures de Mlle Friquette, il fait remarquer à son héroïne, parlant des envahisseurs italiens en Éthiopie :

Il y a gros à parier que, s’ils avaient été victorieux, ils auraient pillé, incendié, volé, massacré, en vrais civilisés qu’ils sont.
C’est généralement ce qui se passe, quand des blancs vont porter aux sauvages les bienfaits de la civilisation.
Et l’on trouve extraordinaire que le frère noir, à l’exemple du guillotiné par persuasion, n’ait pas confiance[xx] !

 

C’est le cas aussi du capitaine Danrit, dans son roman L’Invasion noire, dont le renversement global n’est qu’un prétexte pour souligner la supériorité française et justifier la colonisation, qui fait dire à Omar, chef d’état-major d’une immense coalition africaine mais formé à Saint-Cyr :

Notre tour est venu, les puissances européennes, la France comme les autres, n’ont que trop joué de cette guitare qui s’appelle l’expansion coloniale. Nous en sommes saturés, et il est temps que cette tragi-comédie, jouée par des peuples de race soi-disant supérieure, prenne fin.
Que les Italiens [et] les Allemands […] quittent leur pays […] pour aller offrir leurs bras aux États-Unis, au Canada, au Brésil, fort bien ; ils y vont échanger leur travail contre le bien-être qu’ils ne trouvent plus en Europe : c’est la loi humaine.
Mais que les mêmes puissances se partagent l’Afrique comme un gâteau, et que sous prétexte de civilisation elles tuent, pillent de misérables populations…[xxi]

 Ce ne sont là pourtant que velléités passagères qui détonnent dans des ensembles souvent incohérents et majoritairement cocardiers.
   Je voudrais donner pour terminer un dernier exemple de désillusion comme feuilletée en couches métaphoriques au sein d’un excellent roman qu’on ne connaît pas assez : Hiên le Maboul, d’Émile Nolly, pseudonyme du capitaine Détanger, publié en 1908[xxii]. Phâm vân Hiên, dit le Maboul, arraché à sa chère forêt par les autorités militaires françaises, est devenu tirailleur annamite. D’esprit simple, de corps dégingandé et mal coordonné, il subit les sévices d’un adjudant corse qui, usant et abusant de son autorité, se prend pour son compatriote Napoléon, et se retourne plus encore que ses camarades vers un lieutenant compatissant et paternaliste que l’on nomme respectueusement « l’Aïeul à deux galons ». Ce dernier favorise les amours de Hiên pour Maÿ qui n’a que mépris pour le tirailleur simplet et lui préfère le luxe offert par des liaisons passagères. La bienveillance du lieutenant ne peut rien à la fin contre le refus final de la fiancée et les illusions s’écroulent comme un château de cartes. Celle de l’amant déçu en entraîne ou en révèlent d’autres :

Alors, inconséquent et désespéré, [… Hiên] pleura l’illusion écroulée, l’illusion enchanteresse et divine. […] Il pleurait […] comme pleurait le soldat français crachant ses poumons sur le revers du talus, comme pleure, depuis le commencement des siècles, l’humanité penchée sur les débris de ses illusions… (p. 268)

Cette généralisation se focalise toutefois sur le lieutenant voulu sympathique qui représente une colonisation paternaliste qui s’acharne pourtant à ne voir que la bête dans l’être colonisé. Vers la fin de ce roman, que René Maran dit « à son insu accusateur »[xxiii], il a un long tête-à-tête avec Hiên : tout son pouvoir s’évapore et n’est qu’impuissance devant les besoins les plus profonds de l’homme :

    L’Aïeul [le lieutenant français], navré, pose sa main sur la nuque noire de son grand enfant sauvage et songe à la faiblesse dérisoire des consolations qu’il pourra lui proposer. Hiên le Maboul est venu à lui, d’instinct, comme l’enfant à qui l’on a fait du mal vient se jeter dans les jupons de sa mère […].
      – Tu sais les paroles qui guérissent, implore [Hiên]. […] Tu es sage, tu es bon ; aux jours de chagrin, nous invoquions ton nom, comme d’autres invoquent leurs dieux, et, déjà, le faix de nos misères nous paraissent [sic] moins pesant. […] Tu es grand, tu es fort : rien ne peut te résister ; tu as balayé d’un regard le tyran devant qui nous rampions ; tu as porté la lumière dans mon âme obscure d’enfant des bois…
      – J’ai eu tort, trois fois tort ! confesse l’Aïeul ; j’aurais dû laisser ton âme à sa pénombre, à son heureuse inconscience. Tu avais le bonheur, ne connaissant de l’humanité que les gestes animaux. Je savais qu’après avoir mordu au fruit amer de la science humaine tu viendrais te rouler, quelque jour, à mes pieds, désabusé et hurlant. Mais quoi ! tu m’as supplié, tu m’as dit : « Je veux être un homme comme les autres hommes […]. » Je t’ai instruit, je t’ai appris les grimaces essentielles, je t’ai révélé tes semblables. […] La suprême leçon, celle qui ne pouvait venir de moi, la vie s’est chargée de te la donner : elle t’a fait connaître la désillusion et la douleur. (pp. 270–271)

    Hiên s’en va se pendre aux branches du banyan qui pousse devant chez Maÿ, sa bien-aimée. Le lieutenant lui offre des funérailles de riche avec tous les honneurs du rite annamite, mais sa conscience est profondément troublée : « […] l’Aïeul est mécontent et triste : sa philosophie mise en présence d’une douleur réelle ne lui a fourni que des formules vaines, émoussées » (p. 274).

Derrière le cercueil, l’Aïeul conduit le deuil. […]
Il s’accuse de faiblesse et d’imprévoyance : pourquoi a-t-il cédé aux supplications de l’innocent qui voulait acquérir la science mauvaise ?
[…] Il songe que toute sa philosophie légère et insouciante est impuissante à lui fournir une seule formule de consolation vraie. Une fois de plus, en face de la mort, il pleure, silencieusement et sans larmes, ses croyances envolées. (p. 282)  

    Cet échec nous paraît d’autant plus fort qu’il se trouve sous la plume d’un militaire. L’auteur condamne certes sans ambages les abus physiques exercés contre les indigènes par certains de ses frères d’armes, mais admettre que le paternalisme colonial même aboutit également à un échec n’est pas donné, même aujourd’hui, à tout le monde.

La forte majorité des communications faites au présent colloque porte sur la première moitié du XXe siècle et témoigne donc de l’omniprésence de la désillusion ou du désenchantement dans les écrits de cette période, preuve s’il en est besoin qu’il n’a pas été nécessaire d’attendre les prémices des indépendances, voire les indépendances elles-mêmes, pour qu’un regard jaune soit porté sur l’action colonisatrice. Ce qui est certain, c’est que la désillusion, contemporaine de chaque étape du colonialisme, demeure notre contemporaine à nous. Daniel Bensaïd écrit en 2005, par exemple, que « la société française ne parvient pas à cicatriser sa blessure narcissique de vieil empire colonial déchu[xxiv]. » Il n’est guère nécessaire ici d’élaborer un tel constat : nous en sommes conscients autant dans le domaine sociopolitique que dans le domaine littéraire. On n’a qu’à prononcer le mot « francophonie » pour se rappeler les contorsions psychologiques et la mauvaise foi néocoloniale qui sont en jeu. Je trouve navrant que l’expression « littérature francophone », absurdité étymologique, soit acceptée même par ceux qui en rejettent la ghettoïsation. La France se défait difficilement du présupposé que ses valeurs sont universelles, qu’elles sont l’étalon absolu de tout jugement politique ou moral. Une bonne dose d’autocritique, de scepticisme, de désillusion en un mot, serait encore bien salutaire.
    Cela est d’autant plus vrai que jusqu’ici nous avons adopté le point de vue du colonisateur. Si nous nous retournions vers le colonisé pour essayer de regarder avec ses yeux à lui, l’évidence d’une désillusion ou d’un désenchantement sauterait aux yeux. Tout comme nous avons remonté le temps pour constater que la conscience d’une désillusion existait dans l’esprit des vagues successives des colonisateurs et de leurs contemporains éclairés, nous pouvons déduire une désillusion analogue chez les « sauvages ». Certes, ces derniers, la plupart du temps, n’ont laissé de trace écrite que bien indirectement, soit par le biais de leurs « bienfaiteurs » européens, soit après coup, grâce à la prise de conscience de leurs descendants. Il n’empêche que la désillusion était rapide et totale, au point de se demander si le mot est assez fort et qu’il ne faille le remplacer, chez les survivants du moins, par « désarroi » ou « horreur ». Seule la toute première étape d’un commerce paisible peut éventuellement présenter un aspect positif… et encore. Mais les comptoirs ont cédé le pas à la colonisation. Si les troupes françaises ont rencontré tant de résistance, s’il a fallu bien une conquête physique préalable à toute « conquête morale »[xxv], n’est-on pas en droit de se dire qu’un énorme fond de ressentiment croupissait chez les colonisés et que, du côté des colonisateurs, seuls les bénéficiaires, parfois inconscients, d’une hiérarchie de la peau, n’étaient pas à même de dissiper, sous l’effet de la mauvaise conscience, les affres de la désillusion.


NOTES

[i] Koffi Kwahulé, Babyface, Paris : Gallimard, 2006, pp. 173–174.

[ii] Jean-François Durand, « Congrès SIELEC 2006 : Projet », courriel du 24 novembre 2004.

[iii] L’album L’Illusion coloniale d’Éric Deroo, avec la collaboration de Sandrine Lemaire (Paris : Tallandier, 2006), est paru trop tard pour que j’en tienne compte au moment du colloque.

[iv] Léon Werth, Clavel soldat [1919], Paris : Viviane Hamy, 2006, p. 46.

[v] Jean d’Esme, Les Défricheurs d’empires, Paris : Les Éditions de France, 1937, p. 137.

[vi] Épaves australes, Paris : Éditions de la Nouvelle Revue Critique, 1932 ; réédition de Dominique Ranaivoson, coll. Autrement Mêmes 23, Paris : L’Harmattan, 2005. Ce texte est à comparer directement avec le roman de Charles Renel de 1923 : Le Décivilisé (Paris : Flammarion ; réédité dans Océan indien, éd. S. Meitinger et J.-C. Carpanin Marimoutou, Paris : Omnibus, 1994, et à la Réunion : Grand Océan, 1998).

[vii] Je suis redevable, pour ce développement, à l’excellent ouvrage de Doris Garraway : The Libertine Colony : Creolization in the Early French Caribbean, Durham, N.C. et Londres : Duke University Press, 2005.

[viii] « Ziméo » in Jean-François de Saint-Lambert, Contes américains [1769–70], réédition de Roger Little, Exeter (G.-B.) : University of Exeter Press, 1997, p. 21.

[ix] Dupont de Nemours, Éphémérides du citoyen, t. 6, 2e partie (1771), citées par Youmna Charara, Fictions coloniales du XVIIIe siècle : Ziméo, Lettres africaines, Adonis, ou le bon nègre, anecdote coloniale, Paris : L’Harmattan, 2005, pp. 299, 305. Nous faisons allusion aux Réflexions sur l’esclavage des Nègres de Condorcet [1781, 1788], réédition de David Williams, coll. Autrement Mêmes 8, Paris : L’Harmattan, 2003.

[x] Sur Jean Dard, voir Joseph Gaucher, Les Débuts de l’enseignement en Afrique francophone, Pris : Le Livre africain, 1968. Sur son épouse et sa belle-famille, voir Charlotte Dard, La Chaumière africaine, ou histoire d’une famille française jetée sur la côte occidentale de l’Afrique à la suite du naufrage de la frégate « La Méduse », Dijon : Noellat, 1824 ; réédition de Doris Y. Kadish, coll. Autrement Mêmes 15, Paris : L’Harmattan, 2005.

[xi] Nous attendons incessamment la publication de la réédition de Kelédor, présentée par Kusum Aggarwal, coll. Autrement Mêmes 25, Paris : L’Harmattan, 2006.

[xii] Bernardin de Saint-Pierre, Empsaël et Zoraïde, ou les Blancs esclaves de Noirs à Maroc [publication posthume : 1818], éd. Roger Little, Exeter (G.-B.) : Exeter University Press, 1995.

[xiii] Xavier-Boniface dit Saintine, Jonathan le visionnaire, Paris : Hachette, nouvelle édition 1866, pp. 373–379. « Histoire d’une civilisation antédiluvienne » n’avait pas figuré dans la première édition de l’ouvrage, parue en 1825. Sur cet épisode dans un contexte plus large, voir notre étude : « Fables of Melanocracy : “Race” Reversals in French Literature », Forum for Modern Language Studies, 37, 1 (2001), 1–14.

[xiv] J.-M. Seillan, Aux sources du roman colonial (1863–1914) : l’Afrique à la fin du XIXe siècle, Paris : Karthala, 2006.

[xv] « La Sagesse de Koukourounou : fantaisie coloniale », Revue illustrée (15 février et 1er mars 1886), repr. dans Les Yeux verts et les yeux bleus, Paris : A. Lemerre, 1886, pp. 113–151 ; « Le Navigateur sauvage : histoire insolite », Gil Blas (8 mars 1887), repr. dans Villiers de l’Isle-Adam, Œuvres complètes, Bibl. de la Pléiade, éd. A. Raitt et G. Castex, 1986, t. II, pp. 301–304. Pour son commentaire, voir J.-M. Seillan, Aux sources du roman colonial, pp. 189–206. Les Cavaliers de Lakhdar : roman algérien, de Fernand Hue, serait également à verser au dossier des textes au point de vue inversé, mais de manière plus subtile que d’habitude : voir J.-M. Seillan, ibid., pp. 217–221.

[xvi] Bertène Juminer, La Revanche de Bozambo, Paris : Présence africaine, 1968, 2000. Outre notre étude « Fables of Melanocracy » citée note 10 ci-dessus, voir notre « Bertène Juminer, La Revanche de Bozambo: clefs pour une lecture », Interculturel [Lecce], 6 (2002), 223–240.

[xvii] Voir Armand Dubarry, Les Colons du Tanganîka, Paris : Firmin-Didot, Bibliothèque des jeunes gens, 1884 ; réédition de Jean-Marie Seillan, coll. Autrement Mêmes 30, Paris : L’Harmattan, 2006.

[xviii] J.-M. Seillan, Introduction à sa réédition des Colons du Tanganîka, p. xxix.

[xix] A. Dubarry, Les Colons du Tanganîka, réédition, p. 10. Les références suivantes, indiquées entre parenthèses dans le texte, sont à cette réédition.

[xx] Louis Boussenard, Voyages et aventures de Mlle Friquette, Paris : Flammarion, 1898, p. 361, cité par J.-M. Seillan, Aux sources du roman colonial, pp. 167–168.

[xxi] Capitaine Danrit (pseud. d’Émile Driant), L’Invasion noire, Paris : Flammarion, 1894, p. 496, cité par J.-M. Seillan, Aux sources du roman colonial, p. 250.

[xxii] Émile Nolly (Capitaine Détanger), Hiên le Maboul [1908], Paris : Nelson/Calmann-Lévy, coll. Nelson, s.d. [années 1920 ?]. Les références suivantes, indiquées entre parenthèses, sont à cette édition.

[xxiii] Dans sa préface de 1956 à Mes inconnus chez eux, de Lucie Cousturier, reprise dans notre réédition de cet ouvrage, coll. Autrement Mêmes 9, Paris : L’Harmattan, 2003, t. 1, p. xliii. Vu l’intérêt que René Maran porte envers le roman d’Émile Nolly, il n’est pas interdit de penser que l’expression qu’on y trouve p. 271 : « un homme comme les autres hommes », ait influé sur son choix du nouveau titre donné à son Journal sans date [1927], devenu en 1947 : Un homme pareil aux autres.

[xxiv] Daniel Bensaïd, Fragments mécréants : sur les mythes identitaires et la république imaginaire, Paris : Éditions Lignes et manifestes, 2005, p. 160.

[xxv] Voir Georges Hardy, Une conquête morale [1917], réédition de J. P. Little, coll. Autrement Mêmes 20, Paris : L’Harmattan, 2005.


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