Kusum Aggarwal
Son
adhésion aux valeurs égalitaires des humanistes devait
empêcher Roger de considérer l’Afrique comme un
véritable objet scientifique. C’est pourquoi, en
règle générale, on attribue la paternité de
l’africanisme à Faidherbe, gouverneur au
Sénégal (1854-1861 et 1863-1865). Puisant son inspiration
dans la politique indigéniste menée en Algérie, il
lança l’idée de la singularité de
l’Afrique subsaharienne une perspective que Jean Loup Amselle
qualifie de « raciologie républicaine ». En
parallèle, il fournit à la recherche africaniste un cadre
institutionnel en créant des bureaux africains qui devaient
ensuite conduire à la création à Dakar d’un
centre de recherche nommé l’Institut Français
d’Afrique noire (1936) qui fut le lieu privilégié
de transmission de l’africanisme aussi bien parmi les chercheurs
africains.
La construction de l’africanisme français se
réalisa en collaboration étroite avec le monde savant :
Delafosse, lui, avait bénéficié du concours de
Mauss, de Levy-Bruhl et de Rivet. Dès
l’entre-deux-guerres, se développe un africanisme
universitaire soucieux de s’investir dans des investigations de
terrain mais qui n’est guère nourri du fonctionnalisme de
Malinovski, fondateur à Londres de l’International African
Institute of African Languages and Cultures (1926).