Dominique Ranaivoson
Les récits sur Madagascar avant la colonisation
Les sources sont multiples ; nous mentionnons
tout d’abord les carnets de bord et récits de marins, français, hollandais,
anglais. Pendant longtemps, il fut impossible aux Européens de fixer une
colonie sur l’île bien que des Portugais à l’ouest, puis des Français aient
fait plusieurs tentatives . L’expérience de la colonie de Fort-Dauphin,
installée par la Compagnie des Indes à l’extrême Sud de l’île restera dans les
mémoires surtout grâce aux ouvrages publiés à son retour par un des gouverneurs
, Etienne de Flacourt. Il publia entre 1656 et 1660 un Catéchisme ,
premier ouvrage en malgache en caractères latins, un Dictionnaire et une
volumineuse Histoire de la Grande Isle Madagascar , dédiée à Fouquet,
dont un exemplaire est toujours exposé au château de Vaux-le-Vicomte. Ces
œuvres sont le résultat de toutes les enquêtes et études menées par les membres
de la colonie de Fort-Dauphin. Elles ont forgé une image à la fois fascinante
et menaçante de l’île, contribuant à alimenter l’imagination du public
occidental, nourrissant pour très longtemps la littérature de voyage sur les
îles de cette zone. Dans le même temps, les traitants y achetaient
régulièrement des esclaves revendus en Amérique, des missionnaires catholiques
en échec en revenaient avec des descriptions horribles. Les aventuriers comme
Robert Drury ,qui publia à Londres ses aventures de naufragé en 1729, Benyovsky
(1741-1791), qui implanta une éphémère colonie dans le Nord, Nicolas Mayeur
(1747-1809), qui voyagea pour Benyovski puis se rendit à Tananarive et fut le
seul Européen à rencontrer le roi Andrianampoinimerina en 1787 , laissèrent des
récits épiques de leurs aventures aux multiples rebondissements qui souvent se
terminèrent dans le sang. A partir du début du XIXè , ce sont les marchands qui
s’installent sur les côtes qui laissent des souvenirs ou qui impressionnent les
voyageurs européens. Citons Barthélémy Hugon sur la côte Est, l’autrichienne
Ida Pfeiffer qui séjourna à Tananarive en 1857 et dont le journal de voyage
parut de façon posthume en 1861.