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Elissa Rhais                                                                                        [2 / 8 ]

  

1-L'entrée en littérature
     Comme le montre le travail de recherche mené par Sakina Messadi(Anep, Alger, 1990) le sujet de prédilection des romancières coloniales , solidarité oblige, est la femme. Il y a aussi sans doute comme c'est le cas actuellement un intérêt parfois surfait pour celles qui sont considérées comme des victimes de la société. Cela pourrait prouver que l'auteur est une femme mais on sait d'après de multiples exemples que ces indications sont parfois trompeuses. Une rapide étude des dédicaces des œuvres que nous avons pu consulter laisse apparaître des constantes dans l'inspiration de l'écrivain.
Ainsi on trouve( c'est nous qui soulignons):
Le café chantant(1920)
                  A  Monsieur René Doumic
Cher Maître
C'est à vous que je veux dédier ce livre de récits d'Afrique, qui ont paru dans la Revue des deux mondes. Je garderai ineffaçable, le souvenir de l'accueil que je reçus dans cette maison, alors que pauvre petite orientale, le cœur étreint d'angoisse, je me trouvais lancée à travers le Paris actuel, après que j'avais vécu jusqu'à mon âge parmi le calme des coteaux d'Alger la Blanche, le chant lointain de la mer, le souffle parfumé des brises dans les éventails des strelitzias. J'arrivais, n'ayant pour moi que l'ardent désir de conter en langue française mon pays.

La Riffaine
(1926)
   A M. André Cornu
Français par la politesse
Arabe par le charme
Qui représente notre Algérie à Paris
Avec une souplesse spirituelle
          Et une impeccable autorité
 
Le mariage de Hanifa (1926)
  A Monsieur Albert Hecht "Histoire tragique et vécue d'une petite     sœur de là-bas"
 
 Par la voix de la musique (1927)
  A Monsieur le Comte de Blois
En hommage d'amitié
A mon brillant confrère
Qui porte dans le regard, me semble-t-il, la nostalgie désespérée des terres d'Orient dont il chanta la splendeur en des pages inoubliables pleines de lumière et d'harmonie
Son amie de là-bas.
     
   Ces dédicaces sont importantes dans la mesure où elles dévoilent toute la "stratégie" éditoriale d'Elissa Rhais. Parrainée par des noms illustres, elle s'introduit dans le champ littéraire en France en s'offrant une caution prestigieuse. Dans l'adresse à René Doumic il ne s'agit pas d'une dédicace mais de ce que Gérard Genette nomme une épître dédicatoire[1] ou dans le cas présent une épître dédicatoire atrophiée. Elle retrace les débuts de l'auteur et confirme le rôle de parrain du directeur de la Revue des deux mondes.
   Dans toutes ces dédicaces, s'esquisse un programme d'écriture et une sorte de pacte qui va lier auteur et lecteur. Représentatrice de la société des colonies, Elissa Rhais cible ici son public, celui qui est avide de descriptions exotiques. Tous les mots des dédicaces le confirment: orientale, petite sœur de là-bas, nostalgie désespérée, harmonie et lumière


[1] Gérard Genette, Seuils, Paris Seuil, 1987, p.116 et sq
 
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