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Les voies insolites de l’initiation soufie de Mahmoud Saadi / Isabelle Eberhardt[1]                                                                 [1 / 16  ]
Rachel Bouvet / Université du Québec à Montréal
 
Où allons-nous, vers quelle retraite, vers quelle ombre propice à la méditation, au repos, au rêve, à l’oubli?
J’aime les ruelles dont je ne connais pas l’issue.
Isabelle Eberhardt
 
          Plusieurs angles d’approche peuvent être adoptés si l’on veut observer la manière dont Isabelle Eberhardt interagit avec la communauté musulmane. Si sa démarche est avant tout littéraire, orientée vers l’œuvre à écrire, elle possède également des dimensions ethnologique, géographique et spirituelle qu’il ne faut pas négliger. En effet, les descriptions des personnes rencontrées en Algérie, des nomades, mais aussi des villageois, des citadins, des militaires, des prostituées, des fellahs, etc., présentent une attention digne d’un ethnologue[2]. Par ailleurs, sa très bonne connaissance du terrain, des peuples et des cultures observées au cours de ses séjours dans le désert témoignent de ses facultés de géographe. Mais il y a aussi, dans cette œuvre, un parcours initiatique assez singulier, manifestant à la fois le désir de se fondre dans la culture musulmane et l’inéluctable distance qui la sépare des autres. S’étant convertie à l’islam d’abord, puis initiée au soufisme en 1900, trois ans après son arrivée en Algérie, Isabelle Eberhardt se faisait passer pour un étudiant tunisien en quête d’enseignement, nommé Mahmoud Saadi, pérégrinant de zaouïa en zaouïa pour parfaire son initiation. L’appréhension de l’islam, marquée par la nécessité de la retraite et du dépouillement, conduit vers la méditation, vers la recherche d’un absolu.      


[1] Cette recherche a été rendue possible grâce à une subvention des Fonds FQRSC, que je tiens à remercier. Je remercie également mon assistant de recherche, Philippe Dionne, qui a participé aux recherches bibliographiques et à l’analyse.
[2] Voir à ce sujet l’article de Sossie Andezian, « Images de l’Islam dans l’Algérie coloniale à travers l’œuvre d’Isabelle Eberhardt », dans Jean-Robert Henry, dir., Littératures et temps colonial. Métamorphoses du regard sur la Méditerranée et l’Afrique, Aix-en-Provence, Edisud, coll. Mémoires méditerranéennes, 1999, p. 107-120.
 
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