À partir de la Deuxième Guerre mondiale, sa
critique du colonialisme devient plus directe et plus acerbe, bien
qu’elle le soit également à l’égard
des coutumes maures. S’agit-il de désenchantement
après de nombreuses tribulations, ou plutôt de changements
réels dans le monde extérieur ?
Lorsqu’éclata la guerre, elle était sur le point de
partir pour son troisième voyage, retardé pendant plus
d’une décennie. Retenue en France, Odette se lance
dans des activités humanitaires, parfois politiques
(VÉRITÉ, pp. 252-278). Elle créé,
avec sa compagne Marion Sénones, des organismes de secours pour
réfugiés parisiens à la campagne et un foyer pour
soldats originaires d’Afrique, en fondant le Service
féminin français. Elles réclament les
mêmes droits pour les prisonniers d’outre-mer que pour ceux
de la métropole, et cachent chez elles les
évadés. Elles rendent ainsi aux nord-africains
l’hospitalité qui leur avait été
accordée lors des quatre années de voyage.
Lorsqu’elle retrouve enfin le continent désiré
pendant de si longues années, Odette n’y reconnaît
plus la terre de ses rêves . Qui a changé, le pays
ou l’exploratrice ? Pour Odette, les changements concrets
sont désormais évidences d’une modernité
menaçante, s’infiltrant dans une terre encore pure.
L’Europe hostile et matérialiste se dresse contre
l’Eden (menacé) de l’Orient. Elle
s’empare de son stylo pour le défendre.