Kusum Aggarwal
La
construction de l’africanisme français se réalisa
en collaboration étroite avec le monde savant : Delafosse, lui,
avait bénéficié du concours de Mauss, de
Levy-Bruhl et de Rivet. Dès l’entre-deux-guerres, se
développe un africanisme universitaire soucieux de
s’investir dans des investigations de terrain mais qui
n’est guère nourri du fonctionnalisme de Malinovski,
fondateur à Londres de l’International African Institute
of African Languages and Cultures (1926).
Or, Marcel Griaule conçoit la mission
Dakar-Djibouti (1931), sous l’impulsion de la mode de l’art
nègre, davantage dans une perspective muséographique en
vue de réunir des collections à l’intention du
Musée de l’Homme. Au bout de plusieurs années, ses
enquêtes débouchent en effet sur la découverte des
Dogon habitant les falaises de Bandiagara au Soudan français. Sa
rencontre avec le sage Dogon, Ogotemmêli, transforma radicalement
la configuration de l’africanisme français qui, à
la suite de la publication de Dieu d’eau : Entretiens avec
Ogotemmêli (1948), tenta de privilégier une
démarche linguistique, fondée sur l’oralité.
L’optique africaniste de Griaule, si elle désenchanta
totalement Michel Leiris, auteur de l’Afrique fantôme,
exerça cependant une influence prépondérante sur
des chercheurs français et africains : Geneviève
Calame-Griaule, Germaine Dieterlen, Dominique Zahan, F.N. Agblemagnon,
Sory Camara, Amadou Hampâté Bâ.