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Présentation de la société
Les littératures de l'ere coloniale
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Islam et occidentalisation dans l'autofiction d'Isabelle Eberhardt
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Depuis son départ en Algérie, l'Europe est désormais la
terre d'exil. Expulsée de l'Algérie par l'administration
française, Eberhardt, angoissant à Marseille, dénonce : « La
société moderne, sans foi et sans espoir, avide de jouir, non pour le divin
frisson de volupté, mais pour oublier l'inexprimable douleur de vivre,
attendant, crainrive et impatiente à la fois, l'heure
de mourir [...] [1]. C'est l'absence
de foi qui provoque la peur de la mort, la perte
de confiance dans la vie. Même le plaisir y est une fuite, et non pas
une expérience sacrée. Eberhardt décrit le déclin d'une Europe
nihiliste, vidée de sens. La seule possibilité de sauver l'Europe moderne, est
de revenir aux valeurs qu'a conservées un Orient intemporel, et
surtout celles de l'islam. De même, dans sa vie personnelle, Eberhardt cherche
dans l'intemporalité de l'islam des valeurs disparaissant dans l'Europe
industrialisée. En outre, l'islam
continue de nos jours de s'opposer au
vide créé par un monde de plus en plus sécularisé.
Isabelle Eberhardt voyage d'abord en tant que journaliste.
Elle se donne le nom de Si Mahmoud Saadi et porte le costume traditionnel de
l'homme arabe. Parmi les raisons citées par Eberhardt : « Sous un costume
correct de jeune fille européenne, je n'aurais jamais rien vu, le
monde eût été fermé pour moi, car la vie extérieure
semble avoir été faite pour l'homme et non pour la femme. »[2] Cependant,
ce n'est pas souvent qu'Eberhardt
écrit sur la condition féminine, surtout à propos de sa propre vie [3].
Est-ce qu'elle arrive même à oublier qu'elle n'est pas que Si
Mahmoud Saadi, taleb et cavalier ? En tout cas, son déguisement est
convaincant, comme k montre l'anecdote suivante : « Le chef de poste, un
capitaine de h Légion, me regarde, stupéfait. Il ne comprend pas du tout h
rapport qu'il peut y avoir entre ma carte de femme journaliste et h
tout jeune Arabe qui la lui tend. »[4] . Ce
jeune arabe imberbe qu'est Si Mahmoud Saadi change son passé selon
les circonstances, au gré de son inventrice.
Notes
[1] « I:Âge du
néant », dans Écrits
sur le sable vol. Il, op. cit., p. 530.
[2] Écrits sur le sable I , p. 73.
[3] Un autre passage significatif à cet
égard décrit ses sentiments après une visite à Lèlla Zeyneb, « la maraboute »,
dirigeante d'une zaouïa. Cette femme raconte à Eberhardt sa tristesse d'avoir
été obligée de se priver de mari et d'enfants, afin d'avoir ce rôle
de maraboute pour lequel elle n'est même pas appréciée. À ce propos, Eberhardt
écrit : « Je me sens devenir triste, devant cette douleur injuste: cachée
peut-être depuis des années, qui ne se fait jour qu'en présence d'une autre
femme dont la destinée est aussi très éloignée de l'ordinaire. Notes de route. p. 263. En devenant
Mahmoud Saadi, Eberhardt échappe à la condition féminine d'un monde fait «
pour l'homme et non pour la femme ». En outre, dl( montre beaucoup de
compassion à l'égard des prostituées et des femmes victime: d'injustices,
mais de la même manière qu'elle le fair aussi pour les hommes.
[4] Isabelle Eberhardt, Sud Oranais, Editions
Joelle Losfeld, 2003,
p. 23.
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