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Présentation de la société
Les littératures de l'ere coloniale
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Le pari de Mouloud Feraoun : une littérature régionale
à la croisée des chemins de l'histoire
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UN HOMME, UNE TERRE, UNE OEUVRE
Prématurément
interrompue par son assassinat du 15 mars 1962, la carrière littéraire de
Mouloud Feraoun se résume à quatre romans : Le Fils du
pauvre (1950), Grand Prix Littéraire de la ville d'Alger,
La Terre et le sang [1] (1953) qui
reçut le prestigieux Prix Populiste, Les Chemins qui
montent [2] (1957), et L'
Anniversaire [3] (achevé en 1959). On compte également un
recueil de contes kabyles, Jours de Kabylie [4] (1954), ainsi que deux oeuvres posthumes, Journal
1955-1962 [5] (1962), et sa correspondance rassemblée
sous un volume : Lettres à ses amis [6] publiée en
1969 par son ami Emmanuel Roblès.
À sa mort, l'instituteur kabyle, dont
l'oeuvre marque à jamais l'éclosion d'une nouvelle littérature algérienne
d'expression française, légua des témoignages poignants et attendrissants
au sujet de sa communauté. Car dans ses romans Mouloud met en scène
son « pays » [7] ainsi que certains personnages clés,
typiques de la société kabyle. Cette affection marquée pour sa Kabylie natale
ainsi que pour son peuple lui valut une notoriété sans précédent, en Algérie
comme en France métropolitaine. L'entreprise littéraire du romancier
indigène ainsi que son audace suscitèrent un tel engouement que ce
dernier inspira largement les nouvelles générations d'écrivains algériens d'expression
française ; aujourd'hui encore les critiques littéraires marquent l'émergence
de la littérature algérienne de langue française à 1950, date de parution du
premier roman autobiographique de Mouloud Feraoun. Dès lors les longues et incessantes
descriptions lyriques, le paysage que le romancier s’évertue à dépeindre
apparaissent comme le dénominateur commun de son corpus littéraire et forment,
par là même, la matière grise et l'enveloppe hermétique de son inspiration
poétique. Par conséquent, il paraît tout à fait légitime de s'interroger
sur le topo qui, tel un leitmotiv, revient sans cesse hanter l'intégralité
de son oeuvre, et continue à attirer l'attention des chercheurs et critiques
littéraires.
Notes
[1]
La Terre et le sang (Paris, Seuil,
1953)
[2] Les Chemins qui montent (Paris,
Seuil, 1957)
[3] L'Anniversaire (Paris, Seuil,
1959)
[4]
Jours de Kabylie (Paris, Les
Éditions Baconnicrs, 1954)
[5]
Journal: 1955-1962 (Paris, Seuil,
1962).
[6]
Lettres à ses amis (Paris, Seuil,
1969).
[7]
Terme à prendre dans son sens
étymologique, renvoyant à une simple étendue de terre.
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