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Présentation de la société
Les littératures de l'ere coloniale
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Elissa Rhais
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Amina Azza Bekatt /
Université de Blida
Un regard de l'intérieur
Bien que ces oeuvres décrivent un monde
exotique conforme aux oeuvres de Pierre Loti ou autres et qu'elles s'insèrent
parfaitement dans "ce système de fictions idéologiques" qu'analysait
Edward Said dans l'Orientalisme, il faut reconnaître que l'auteur
présente une version bien informée du monde qu'elle décrit. C'est aussi et
c'est le plus intéressant un regard de l'intérieur qui se fonde sur une
connaissance interne des coutumes et traditions. En cela, elle subvertit les
catégories de l'épistémé coloniale. En décrivant de l'intérieur et souvent de
façon amicale la société arabe, elle introduit une vision souvent juste et
attentive et se fait l'écho des
revendications des opprimés
Cela tient au statut particulier des deux
communautés juive et arabe qui partageaient souvent la même condition
socio-économique et vivaient côte à côte sinon ensemble. Les écrivains juifs
avaient la même posture par rapport à la langue française que les écrivains
maghrébins. Très souvent ils parlaient l'arabe dialectal et étaient proches des
communautés musulmanes qu'ils comprenaient même si des interdits très sévères
pesaient sur des relations plus étroites.
Ces
incompréhensions vont apparaître dans les ouvrages d'Elissa Rhais. Si le roman
appelé La fille d'Eleazar ne parle que de la communauté juive, par
contre dans beaucoup de ces oeuvres elle apporte un éclairage particulier. Et
comme toujours, l'amour est le plus fort même s'il entraîne les amants dans la
mort.
Les clivages internes de la société
n'échappent pas à Elissa Rhais. Ainsi nous trouvons: l'opposition Marocains/
Algériens qui s'affirme à la fois dans la description physique et le langage.
Cette différence tourne à l'avantage des uns ou des autres, selon les
intentions de l'auteur. On souligne la différence d'accent(p. 33) très
facilement perceptible. Les Algériens sont traités de race jaune (p.39)tandis
que les Marocains ont du mal à prononcer certains mots et à faire la différence
entre le jim et le djim ce qui crée certains désordres et fait rire les
habitants de Blida.(p 180)
Les petites villes d'Algérie sont peu
hospitalières aux étrangers en général. Mais on y voue aux Marocains une haine
particulière.(p. 18)
Le moutchou, mozabite figure incontournable
et souvent raillée y apparaît aussi.
Le peuple des rues, Arabes, Berbères,
Kabyles, Espagnols, Maltais, sont évoqués dans une présentation bariolée, tout
cela manquant de rigueur puisqu'en une même page pour parler d'un personnage,
les termes Maure, kabyle, Arabe sont employés indifféremment (p 89 ).
L'opposition Blida, ville de province et Alger capitale est aussi décrite.
Tous ces éléments d'information ( même s'ils
sont parfois approximatifs), qui sont retransmis à travers une histoire
imaginaire, font revivre pour nous cette petite agglomération aux communautés
nombreuses et disparates et ce n'est pas le moindre des charmes des romans
d'Elissa Rhais.
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