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Elissa Rhais                                                                                        [5 / 8 ]
Amina Azza Bekatt / Université de Blida

Un regard de l'intérieur

   
   Bien que ces oeuvres décrivent un monde exotique conforme aux oeuvres de Pierre Loti ou autres et qu'elles s'insèrent parfaitement dans "ce système de fictions idéologiques" qu'analysait Edward Said dans l'Orientalisme, il faut reconnaître que l'auteur présente une version bien informée du monde qu'elle décrit. C'est aussi et c'est le plus intéressant un regard de l'intérieur qui se fonde sur une connaissance interne des coutumes et traditions. En cela, elle subvertit les catégories de l'épistémé coloniale. En décrivant de l'intérieur et souvent de façon amicale la société arabe, elle introduit une vision souvent juste et attentive et se fait l'écho des  revendications des opprimés

   Cela tient au statut particulier des deux communautés juive et arabe qui partageaient souvent la même condition socio-économique et vivaient côte à côte sinon ensemble. Les écrivains juifs avaient la même posture par rapport à la langue française que les écrivains maghrébins. Très souvent ils parlaient l'arabe dialectal et étaient proches des communautés musulmanes qu'ils comprenaient même si des interdits très sévères pesaient sur des relations plus étroites.
  Ces incompréhensions vont apparaître dans les ouvrages d'Elissa Rhais. Si le roman appelé La fille d'Eleazar ne parle que de la communauté juive, par contre dans beaucoup de ces oeuvres elle apporte un éclairage particulier. Et comme toujours, l'amour est le plus fort même s'il entraîne les amants dans la mort.
   Les clivages internes de la société n'échappent pas à Elissa Rhais. Ainsi nous trouvons: l'opposition Marocains/ Algériens qui s'affirme à la fois dans la description physique et le langage. Cette différence tourne à l'avantage des uns ou des autres, selon les intentions de l'auteur. On souligne la différence d'accent(p. 33) très facilement perceptible. Les Algériens sont traités de race jaune (p.39)tandis que les Marocains ont du mal à prononcer certains mots et à faire la différence entre le jim et le djim ce qui crée certains désordres et fait rire les habitants de Blida.(p 180)
   Les petites villes d'Algérie sont peu hospitalières aux étrangers en général. Mais on y voue aux Marocains une haine particulière.(p. 18)
Le moutchou, mozabite figure incontournable et souvent raillée y apparaît aussi.
   Le peuple des rues, Arabes, Berbères, Kabyles, Espagnols, Maltais, sont évoqués dans une présentation bariolée, tout cela manquant de rigueur puisqu'en une même page pour parler d'un personnage, les termes Maure, kabyle, Arabe sont employés indifféremment (p 89 ). L'opposition Blida, ville de province et Alger capitale est aussi décrite.
Tous ces éléments d'information ( même s'ils sont parfois approximatifs), qui sont retransmis à travers une histoire imaginaire, font revivre pour nous cette petite agglomération aux communautés nombreuses et disparates et ce n'est pas le moindre des charmes des romans d'Elissa Rhais.    
 fg                                                                                                                   fd