La SIELEC s'est fixée pour but d'analyser, dans ses travaux annuels que publieront les éditions Kailash, cette « interdé­pendance des terrains culturels ». Elle n'abordera pas unique-ment les littératures coloniales stricto sensu, si l'on entend par celles-ci, comme Roland Lebel, des récits écrits « soit par un Français né aux colonies ou y ayant passé sa jeunesse, soit par un colonial ayant vécu assez longtemps là-bas pour s'assimiler l'âme du pays1 ». Ce serait en effet faire l'impasse sur cet ensemble impressionnant de textes qui sont autant de récits de découverte, de prise de contact, d'écrivains venus des nations impérialistes, empruntant durant leurs voyages les routes ouvertes par les commerçants, les militaires, les administra­teurs, mais pas nécessairement pour reprendre à leur compte les idéologies de l'Empire. C'est dire que Jules Verne ou Maupassant, Conrad et Forster intéresseront les travaux de la Société. D'autre part, nous prendrons littérature dans un sens large, en y incluant des récits non fictionnels, où peut d'ailleurs se déployer un imaginaire tout aussi riche que dans les romans. La notion d’ « ère coloniale » permet par ailleurs de bien mettre en évidence un phénomène d'interculturalité, indissociable, certes, de rapports de domination caractéris­tiques d'une époque qui vit le fossé se creuser entre une Europe industrielle et des sociétés plus rurales et pastorales2, avant que, dans la deuxième moitié du XX^e siècle ne s'affirme partout un désir d^'indépendance qui allait à son tour modifier la face du monde.