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Elissa Rhais                                                                                        [3 / 8 ]

   Les noms cités sont connus et la dédicace joue ici parfaitement son rôle. Le ton est donné par l'opposition entre ici et là-bas cet ailleurs merveilleux pouvant faire naître les rêves les plus fous et les plus harmonieux d'un Orient reconstitué pour cadrer avec les fantasmes du lectorat.
   Petite sœur: la solidarité féminine joue ici à fond, avec cependant comme l'indique l'adjectif une certaine condescendance bienveillante.
Arabe par le charme, la description sera on ne peut plus lyrique et exaltée, peuplée de princes arabes drapés dans des burnous de soie, sur fond de nuit chaude et parfumée que l'on va retrouver dans les descriptions.
 
Les descriptions
   
   Les textes sont très descriptifs, l'intention de l'auteur étant de restituer voire de construire cet ailleurs mystérieux au-delà des références habituelles. Elle s'inscrit dans ce système de représentations. Le monde offert aux lecteurs est celui des Mille et une Nuits. Voici comment est décrit Le Café chantant:

     Puis tout au fond de la salle, sous un flot de lumière rose, une petite scène se dressait, dans un chatoiement d'or et de soieries tunisiennes, dans la splendeur fascinante des Mille et Une Nuits. C'était le madar. Là, sur un fond de broché grenat, le long d'un matelas jaune miel, s'alignait le petit orchestre oriental.(…) Tous quatre(Les musiciens) étaient vêtus de velours bleu brodé d'argent(…)Enfin, accoudées à des coussins de soie, les chanteuses mauresques, au nombre de six, s'alanguissaient en des poses nonchalantes. Elles étaient comme ensevelies sous une orgie de satin, de rubans, de dentelles et de bijoux. (…) Leurs costumes vaporeux, de mousseline à paillettes et rayures de soie tendre, laissaient transparaître en lueurs furtives les chairs mates , les formes ondoyantes et somptueuses.(…)
   L'air était embaumé, tout lourd d'ivresse et de désirs. Une atmosphère de surexcitation sensuelle vibrait autour des assistants dont les visages se crispaient en des frénésies contenues, dont les regards s'allumaient pour des griseries folles.(La café chantant, pp.36-37)
     Nous retrouvons là les descriptions des tableaux de Delacroix et de ses courtisanes alanguies sur des coussins de soie avec ses constantes, luxe et volupté .
    On trouve pourtant comme des accrocs à ce beau rêve des poncifs de l'idéologie coloniale comme si l'auteur y cédait à son corps défendant pour répondre à l'attente de son public. Ainsi dans le Café chantant:
      La sensibilité est ainsi aiguisée de façon extraordinaire chez l'Arabe, en matière d'émotion musicale. Plus primitif que l'Européen, il vit beaucoup plus par le sentiment, par les passions et la musique est entre ses passions les plus fortes. ( p 46)
   
    Dans ce monde de houris les femmes devraient se contenter d'être belles et de satisfaire les désirs des hommes et pourtant, et c'est là le premier aspect étonnant dans l'œuvre d'Elissa Rhais, il n'en est rien ."Que la femme soit toujours victime de l'ordre social tel qu'il est, Elissa Rhais le montre dans tous les milieux qu'elle dépeint, musulman, juif ou français."" écrit Denise Brahimi dans la préface de  Le café chantant(p. 10). Mais dans le milieu des autochtones, arabes, kabyles, algériens ou marocains, ce n'est pas une femme soumise mais bien au contraire, pauvre ou riche, fille de pacha ou danseuse de café, c'est une  héroïne moderne qui sacrifie tout à ses buts. En contrepoint à ces descriptions conformes à ce que recherchent les nostalgiques de cet Orient de pacotille, deux points sont à porter à l'actif d'Elissa Rhais:  les personnages de femmes et l'aspect documentaire. 
 fg                                                                                                                   fd